La première demande de concession pour l’établissement d’un funiculaire entre Chardonne et Beaumaroche au Mont-Pèlerin fut adressée aux Chambres fédérales en 1896 par les frères Eugène et Gustave Michel, l’un propriétaire du Grand Hôtel de Vevey et l’autre notaire. Peu après, une modification de concession est sollicitée pour prolonger le trajet vers l’ouest de Vevey selon le parcours actuel. La mise à l’enquête intervient le 21 septembre 1899. Les travaux commencent de suite et la ligne est ouverte le 24 juillet 1900. Mme Esther Volet se souvenait de la journée d’inauguration le 1er août car elle put faire plusieurs fois le voyage gratuitement!
D’une longueur de 1578 m., la ligne part de l’altitude de 393 m. pour atteindre Corseaux à 430 m et le Pèlerin à 810 m., avec une pente maximale de 54 % vers le sommet. Le rythme quotidien est alors de 18 courses au prix de 2 fr en simple course et 2,80 fr aller et retour. Un prix important pour l’époque. Le funiculaire comprenait 2 parties, l’une pour la 2e classe et l’autre pour la 3e classe. La vitesse de marche était de 1,5 m/s , avec des moteurs fonctionnant au gaz alimentant une dynamo qui à son tour fournissait du courant au moteur de traction situé dans la station supérieure.
L’arrêt de Corseaux était alors au bord de la route. M. Aloïs Delapraz racontait que dans cet abri au toit d’ardoises venait parfois dormir Herminjard, un chemineau qui d’autres fois couchait dans les tuyaux de l’entreprise Gétaz-Romang. Quand ils étaient 2, il disait à son compère : «Ferme la porte, il y a du courant !».
Chaque matin, un gardien descendait de Baumaroche pour inspecter la voie. Un jour, vers 1923, il signala que le câble avait été scié aux ¾. On suspecta le directeur, grand joueur, d’encaisser une commission pour l’achat d’un nouveau câble. Ce directeur finit d’ailleurs tristement, obligé qu’il fut de mendier une assiette à soupe.
Au début des années soixante, la station de Corseaux dut être déplacée plus haut, à l’emplacement actuel, pour que l’arrêt de la Baume ne soit plus sur le viaduc, endroit dangereux s’il en est. Deux cabines en bois fermées furent achetées en 1927, la 3e classe supprimée et 2 ans plus tard, les bouillottes furent remplacées par un chauffage électrique. On roulait alors à 4 m/s.
Une rénovation générale fut effectuée du 3 au 13 mars 1969. Les nouveaux véhicules rouges en métal léger ont une capacité de 91 voyageurs se déplaçant à la même vitesse. L’exploitation a été reprise par la Compagnie GoldenPass qui a aussi habillé le funiculaire à ses couleurs: jaune doré. Le « funi » roule désormais sans conducteur.
En 2014, de gros travaux ont permis le remplacement du ballast des voies et au Mont-Pélerin l’installation d’une nouvelle machinerie et la création d’un ascenseur et de rampes d’accès pour les personnes handicapées.
Et « notre funi » a retrouvé ses couleurs flamboyantes rouges, souhaitées par beaucoup de monde »En 2013, il a transporté 315’000 passagers.
B. Sauvageat
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